Dans le cadre du portrait consacré cette saison par la Filature à Damien Jalet, « Skid » a offert hier soir à une grande salle archi comble une incroyable expérience de danse.
Une éblouissante performance visuelle et physique
Le rideau se lève sur un grand plan incliné blanc, la musique envoûtante de Christian Fennesz plonge la salle dans une ambiance intime et poignante. Du haut de la structure, des corps surgissent puis glissent, s’abandonnent avec grâce à la loi de la gravité qui les tire vers le bas. Tout à tour enchevêtrés, tourbillonnants, ils impriment la pente de leur présence physique avant de disparaître, engloutis, puis de revenir obstinément. Parfois, les danseurs sont debout, luttent pour le rester, puis retrouvent la matière et son inclinaison, obligés de céder. Il ya quelque chose d’organique et de puissant dans cette succession de « chutes », comme une lave en fusion qui s’écoule, une matière vivante qui doit composer avec des contraintes fortes.


La seconde partie de « Skid » est presque exactement le contraire de la première. Cette fois, la musique se fait martiale, et les danseurs attaquent avec énergie le plan incliné par le bas. Alignés, volontaires, ils gravissent la structure, se séparent, se retrouvent en cordées, dégageant une puissante force vitale en se jouant de la gravité. Ici, on n’est plus dans de la lave en fusion, mais plutôt dans une pièce de grosse machinerie industrielle qui bouge en cadence dans un mouvement à chaque fois différent et que l’on imagine quasi perpétuel. L’éclairage, qui anime les ombres et les dispose comme dans un tableau, apporte à l’ensemble une dimension visuelle de toute beauté.
Pendant le long entracte, les spectateurs ont pu tester une mini-structure installée dans le hall de la Filature et inclinée de 34° comme celle sur laquelle les danseurs ont évolué 40 minutes durant. Ceux qui l’ont essayée ont assez rapidement compris le défi physique que cela représentait :-). En seconde partie de la soirée, le GöteborgsOperans Danskompani a également présenté « Saaba », une pièce de la chorégraphe israélienne Sharon Eyal, ancienne danseuse de la Batsheva Dance Company. Un héritage qui se ressent d’emblée, tant l’ADN de la Batsheva est reconnaissable entre mille. Ici, le corps est dramatique, délié, expressif, brut, dans une chorégraphie puissante qui ne laisse pas indifférent.

Ne manquez pas les prochaines dates du portrait consacré à Damien Jalet : Vessel le 15 janvier et Thr(o)ugh le mardi 16 et le mercredi 17 mai.
Infos pratiques :
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68090 Mulhouse
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